Power-Up: des jeux vidéo au Science Museum de Londres

Le Science Museum de Londres propose une exposition consacrée aux jeux vidéo intitulée Power-Up. Ce n’est de loin pas la première fois que des jeux vidéo sont exposés dans un musée, mais cette exposition se distingue en proposant près de 160 machines de diverses époques. Le public peut ainsi jouer à des jeux en tous genres, du jeu de plateforme au jeu de sport, en passant par les jeux de tir, de musique ou de réalité virtuelle.

Je me suis rendu à cette exposition alors que je revenais d’un colloque sur l’histoire des jeux se tenant à la Birmingham City University. Un ami m’en avait parlé et je devais la voir de mes propres yeux. J’avais quatre heures avant de prendre mon Eurostar…

Un aspect remarquable est l’accès à des machines anciennes remontant jusqu’aux années septante. Ces dispositifs sont non seulement exposés, mais aussi rendus accessibles à toutes et tous, sans restriction.

Des consoles d’époque mises à disposition du grand public et sans recours à l’émulation, vraiment?

Une visite de l’exposition en 3 minutes

Déambulation

Nichée au fond de l’immense musée des sciences, au sous-sol qui plus est, on ne tombe pas sur l’exposition Power-Up par hasard. L’entrée est payante (12 pounds pour la journée, 18 pounds pour le pass annuel) et donne accès à un grand espace à la lumière légèrement tamisée, où l’on croise principalement des familles, certaines regroupées, d’autres dispersées en fonction des goûts vidéoludiques des un·e·s et des autres. Dans un coin, on découvre quelques parents avachis sur des fauteuils, préférant la compagnie de leurs smartphones offrant le réconfort d’un défilement morbide infini plutôt que d’aller à la (re)découverte d’un patrimoine vidéoludique immense en compagnie de leurs enfants.

Après plusieurs années avec un statut d’exposition temporaire, Power-Up a acquis le statut d’exposition permanente en 2023. Elle est aidée par des sponsors dont le rôle a dû être essentiel, si l’on considère les coûts d’acquisition et de maintien des machines ainsi que les coûts de fonctionnement.

C’est donc une exposition avec laquelle il faudra compter pour les années à venir. Qu’en est-il du contenu?


Historiographie

Sans trop de surprises, les consoles et ordinateurs sont répartis par zones: autour d’un dispositif (arcade, réalité virtuelle, reconnaissance de mouvements, PC), autour d’une entreprise (Lego, Disney), autour du nombre de joueur·euse·s permis ou souhaité, ou autour d’un personnage (Sonic, Mario, Zelda). On trouve également un espace dédié aux jeux britanniques récompensés par les BAFTA. Et au milieu de la salle, la possibilité de jouer à seize à Halo en réseau!

Halo, version hexadécimale

La plus grande zone se trouve au fond de l’exposition. Elle est consacrée à l’histoire de ce médium.

La carte de l’exposition

Cette longue fresque fait le pari impossible de fournir une timeline de l’évolution des consoles de jeux… À vrai dire, le résultat est plutôt réussi: la contextualisation des pièces et leur articulation les unes avec les autres est faible, les notices explicatives sont courtes, mais le simple fait de pouvoir manipuler des machines qu’on ne trouve nulle part ailleurs, si ce n’est sous clé dans les vitrines des boutiques de retrogaming, fait très plaisir.

Le début de la timeline, avec le Binatone TV Master, un clone de PONG, suivi d’un·e Atari VCS, d’un BBC Micro, d’une Vectrex, d’un C64, d’un ZX Spectrum…
Plus loin, une 3DO, un Amiga CD32, une Jaguar, une Neo Geo CD

Matériel

À ce stade, la question que va se poser tout amateur, responsable de galerie, ou directeur de musée, est: “Est-ce que toutes ces machines sont fonctionnelles?”

En effet, les expositions comportant des écrans et des appareils électroniques sont souvent sujettes à des pannes. Et lorsque celles-ci surviennent, l’entité hébergeant l’exposition ne possède souvent pas les ressources (humaines ou financières) nécessaires pour procéder aux réparations, ce qui a pour conséquence que certains postes ne seront plus fonctionnels jusqu’à la fin de l’exposition.

Ici, j’ai été très agréablement surpris de découvrir relativement peu de postes de jeu éteints, en l’occurrence une console PONG, la plus ancienne machine de l’exposition, et un ZX Spectrum, fierté de la Grande-Bretagne. Un conga pour Donkey Konga (GameCube) fonctionnait très mal: globalement, les périphériques avec reconnaissance de mouvement semblaient avoir été maltraités, mais la plupart étaient fonctionnels.

Au final, la qualité des installations m’a impressionné, en particulier étant donné qu’il s’agissait de matériel original et non d’émulation (ce qui est souvent recommandé pour des expositions d’aussi longue durée!).

À noter toutefois: quelques jeux n’étaient pas proposés dans la bonne résolution et les écrans à tube cathodique étaient absents.


Jouer au musée

Je recommande avec plaisir cette exposition si vous êtes à Londres et souhaitez passer un bon moment.

J’ai été ravi d’y retrouver des configurations que l’on observe souvent dans les expositions proposant des consoles de jeu anciennes et d’anciens ordinateurs. Les adultes vont témoigner de leur pratique passée, grâce aux jeux avec lesquels ils ou elles ont grandi, tandis que les plus jeunes peuvent expliquer, dans un contexte parfois plus approprié que leur domicile, ce que jouer à des jeux vidéo leur apporte.

Vive le jeu intergénérationnel, et merci à cette exposition d’être un des meilleurs endroits pour expérimenter cette pratique!

Un grand merci à mon collègue et ami Frédéric Schütz pour la découverte 🙂

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